Quand j’ai été embauché, en 1993, ma formation universitaire en administration m’avait plutôt préparée à une image négative du syndicalisme. Deux ans après le début de mon emploi, je requérais les services de la Fraternité pour faire respecter un droit. Par la suite, j’ai personnellement fait des combats pour la cause, dont certains m’ont valu des mesures administratives.
Les années ont passé et j’ai compris que je devais joindre le groupe. Successivement, je suis devenu représentant en prévention, directeur syndical et vice-président.
Outre les discours flamboyants d’unité, de force, de démocratie et de solidarité, les années de travail m’ont démontré une facette très différente de la fonction d’un syndicat. Seul, il y a des combats que nous pouvons faire, mais une chose est certaine : la force collective est le meilleur instrument afin d’obtenir des gains légitimes.
Vous verrez, dans l’histoire de notre syndicat, qu’une seule personne n’aurait pu survivre physiquement et émotionnellement pour gérer les combats que la Fraternité a eu à faire. Par combats, on pourrait être tenté de dire que si c’est elle qui les a initiés, elle en est responsable. Dans certains cas, cela est vrai, mais notre histoire est beaucoup plus riche en rebondissements et dénis des actions gouvernementales. Elles ont eu des impacts très importants sur les membres. On peut penser, entre autres, aux multiples changements d’appartenance organisationnelle, l’accès au CRPQ, l’obtention de l’arme de service, nous reconnaitre à notre juste valeur, des procédures non applicables, etc. Tous ces items ne sont pas le fruit du syndicat, mais résultent bien de l’inaction et incompréhension de l’employeur au sens large de notre travail.
En 2020, avec le degré de hiérarchisation de notre employeur, il est presque impossible de faire des combats pour nous-mêmes ou pour le groupe seul. Parallèlement, la société est devenue plus individualiste, ce qui profite aux employeurs. Ces deux conjonctures démontrent que la raison d’être d’un syndicat est encore plus que nécessaire aujourd’hui que par le passé.
Je terminerai sur ce proverbe africain qui résume bien le syndicalisme :
« Si tu veux aller vite, marche seul, mais si tu veux aller loin, marchons ensemble. »
Jean-Claude Daignault