Entrevue de notre président Jean-Claude Daignault:

Pour voir l’article de journal: https://www.journaldemontreal.com/2024/11/05/des-camionneurs-exigent-une-enquete-publique-sur-les-chauffeurs-au-rabais-de-lontario

 

Des camionneurs réclament d’urgence une enquête publique pour faire la lumière sur le phénomène des chauffeurs au rabais en provenance de l’Ontario, qui viennent casser les prix en payant deux fois moins cher leurs travailleurs précaires issus de l’immigration.

«C’est de l’esclavage moderne», va jusqu’à dire Jean-François Pagé, vice-président à la direction de Transport Hervé Lemieux, à Saint-Laurent. L’entreprise québécoise de 450 camionneurs, fondée en 1947, veut une enquête publique pour mettre en lumière cette «concurrence déloyale», qui saigne son chiffre d’affaires.

Depuis la pandémie, ces chauffeurs ontariens au statut précaire sillonnent nos routes. Ils sont souvent payés une fraction du prix, parfois aussi peu que 10$ l’heure, avance l’ACQ. On les appelle «les Chauffeurs Inc» (voir encadré plus bas).

Il y a cinq ans, The Globe and Mail avait levé le voile sur ces nouveaux arrivants, qui se font exploiter par des compagnies qui leur donnent un salaire de crève-faim en leur promettant la lune.

Or, ces dernières années, le phénomène a pris de l’ampleur, au point où des entreprises, comme Transport Hervé Lemieux, craignent désormais de devoir faire des mises à pied, faute de pouvoir concurrencer leurs prix.

Jean-François Pagé

Tableau fourni par l’ASSOCIATION DU CAMIONNAGE DU QUÉBEC
Pots-de-vin

Cette main-d’œuvre bon marché est aussi un véritable danger public sur la route, selon plusieurs entreprises de transport québécoises consultées par Le Journal.

À la mi-octobre, l’émission Marketplace, de CBC, avait montré les rouages d’un système de tests de conducteurs de camion rongé par des pots-de-vin et de la tricherie.

«On a des chauffeurs qui ont de la difficulté à reculer pour se faire charger. On est rendu là. Imaginez sur la route quand il neige», illustre Jean-François Pagé, de Transport Hervé Lemieux.

«Des chauffeurs ont peur de circuler sur la 401 de nuit parce que c’est devenu trop dangereux», soupire-t-il.

Jean-François Pagé

Tableau fourni par l’ASSOCIATION DU CAMIONNAGE DU QUÉBEC
«Ça passe en avant de moi»

À la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec (FCCRQ), son président, Jean-Claude Daignault, saisit mal pourquoi l’étau ne se resserre pas autour des récalcitrants.

«Si on permettait aux contrôleurs de saisir le véhicule, comme dans l’industrie du taxi, c’est certain que le problème se réglerait assez rapidement», lâche-t-il.

D’après lui, les constats sont peu efficaces, car les Chauffeurs Inc travaillent souvent dans des compagnies fictives, qui finiront par ne jamais payer ses amendes.

«On demande la capacité d’invertir et que les véhicules fautifs soient saisis», affirme-t-il.

«Je suis sur le terrain. Je les vois. Je ne suis pas dans un bureau gouvernemental à attendre d’avoir une plainte. Ça passe en avant de moi», conclut-il.

Qu’est-ce qu’un Chauffeur Inc?

  • C’est un chauffeur de camion «incorporé» (il n’achète pas de véhicule);
  • Il ne paie pas de cotisations sociales;
  • Il ne bénéficie pas d’avantages sociaux et de protection sociale;
  • Le donneur d’ouvrage ne fait pas de déductions à la source (DAS).

Cinq mesures demandées

  1. Donner à la CNESST plus de pouvoir d’enquête
  2. Donner plus de dents à la Commission des transports du Québec
  3. Mieux outiller Contrôle routier Québec
  4. Vérifier si les polices d’assurance sont conformes
  5. Vérification des permis de travailleurs

(Source: Association du camionnage du Québec)