https://www.journaldemontreal.com/2025/03/06/les-controleurs-routiers-ne-pourront-plus-patrouiller-sur-nos-routes
Les contrôleurs routiers ne pourront plus patrouiller sur nos routes
Les dangers auxquels ils s’exposaient étaient inacceptables, vient de trancher le tribunal
Les contrôleurs routiers, qui souhaitent depuis longtemps être armés, ne pourront plus patrouiller sur les routes du Québec en raison des dangers auxquels ils s’exposent, vient de trancher le Tribunal administratif du travail.
Le Tribunal a ordonné jeudi la suspension des interventions non planifiées sur les routes effectuées par ces constables spéciaux tant que des mesures pour mieux les protéger ne sont pas mises en place.
Cela a pour but «de mettre fin immédiatement à cette situation dangereuse et que les correctifs appropriés soient mis en œuvre», a mentionné la juge administrative Danielle Tremblay dans son long jugement de près de 200 pages.
Dès jeudi soir, les contrôleurs routiers seront donc confinés aux postes de contrôle des pesées routières qui se trouvent aux abords des autoroutes, a confirmé le président de leur syndicat, Jean-Claude Daignault.
«La période du dégel s’en vient. C’est malheureux, les délinquants auront le beau jeu», a-t-il souligné.
Mais M. Daignault s’est tout de même dit «très, très satisfait» de la décision rendue.
Danger «toléré»
La juge administrative Tremblay a donné raison à leurs doléances répétées depuis plusieurs années: le «danger d’agression est non seulement imminent et grave, mais il est également toléré, nonobstant les mises en garde».
Dans les dernières années, des contrôleurs routiers ont été frappés, menacés de mort et happés et ils ont dû intervenir auprès d’individus armés ou qui refusaient de collaborer.
Ils sont aussi tombés par hasard sur des cargaisons d’armes, de voitures volées, de drogue ou de cigarettes de contrebande.
«Le travail des contrôleurs routiers, c’est un travail policier, a martelé M. Daignault en entrevue avec Le Journal. On s’expose aux dangers, au risque, de façon inutile depuis des années.»
Arme demandée
Les contrôleurs routiers souhaitent ainsi être en possession d’une arme de service. Selon la juge Tremblay, cet ajout serait «susceptible de répondre à plusieurs des lacunes» en matière de sécurité.
Ces constables espèrent aussi obtenir un accès plus complet au Centre de renseignements policiers du Québec, «puisqu’ils n’ont pas accès aux renseignements leur permettant […] de mieux planifier ou aménager l’intervention», a mentionné la juge administrative.
D’autres avenues pourraient toutefois aussi être envisagées par l’employeur des contrôleurs routiers, une agence de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
La décision ne l’empêche pas «de réviser la nature du rôle qu’il confie aux contrôleurs routiers, ni encore de limiter leurs pouvoirs, s’il considère cette avenue comme appropriée».
«Toujours dans un souci de prévenir et de réduire les risques liés à la santé et à la sécurité au travail de son personnel, [Contrôle routier Québec] procédera, en toute diligence, à l’analyse de la décision et à l’identification des prochaines étapes et des mesures à prendre», mentionne la SAAQ dans un communiqué.
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail effectuera le suivi dans les prochains mois en vue de la reprise complète des activités des contrôleurs routiers.