« Le fait de porter un uniforme ne met personne à l’abri du stress psychologique, au contraire, et c’est pourquoi je trouve très important d’offrir des services de santé adaptés à leurs besoins particuliers. »
Celui qui parle, c’est François Bonnardel, ex-ministre des Transports et actuel ministre de la Sécurité publique. C’était il y a quelques jours, alors qu’il annonçait un financement de 750 000 $ pour assurer le maintien des services cliniques du PSPNET destinés au personnel du domaine de la sécurité publique, ce qui inclut les agents de Contrôle routier Québec relevant de la SAAQ.
« Nous avons à cœur de prendre soin de ceux et celles qui travaillent au quotidien pour nous protéger, dans des conditions souvent difficiles et imprévisibles », ajoutait le ministre Bonnardel.
Et le stress, ça fait partie du quotidien des contrôleurs routiers, indique le lieutenant Jonathan Beauvais, porte-parole de Contrôle routier Québec, en entrevue à Transport Routier.
Les agents disposaient déjà d’un programme d’aide aux employés de la SAAQ assez complet, mais, selon M. Beauvais, le PSPNET représente un outil supplémentaire pour les personnes qui ressentent des malaises quant à leur santé mentale ou qui vivent des problèmes de gestion des émotions.
« Plus on a de services disponibles, mieux c’est », résume-t-il.
Les hommes en uniforme ont une certaine réputation de machisme. Hésiteront-ils à demander de l’aide s’ils se sentent en détresse?
« Je pense que ça a changé avec les générations. Je pense que les services offerts ont aussi changé avec les générations. Les gens vont parler avec des personnes qui comprennent, qui connaissent leur réalité. Ça aide à être capable de s’exprimer et de s’ouvrir, je pense », dit le porte-parole des contrôleurs routiers.
Des scènes marquantes
Les pires sources de stress, sinon de traumatismes, seraient les scènes d’accident mortels impliquant un poids lourd et des usagers de la route vulnérables tels que des cyclistes ou des piétons.
En pareille situation, les corps policiers font souvent appel aux services des contrôleurs routiers et à leur expertise des véhicules lourds pour, sur le lieu de l’accident, faire une vérification de l’état des freins du camion afin de savoir si on peut écarter ou pas l’hypothèse d’une défectuosité mécanique de ce type.
Et il faut faire vite afin de dégager la chaussée et permettre à la circulation de reprendre, surtout en milieu urbain.
« Une fois qu’on est rendus en-dessous du camion, parfois on voit des scènes qui peuvent nous laisser marqués », dit M. Beauvais au sujet des corps des victimes qui se trouvent parfois toujours coincés sous les roues du véhicule.
« Ça peut causer un certain stress. On continue à y penser par après. Des fois on va y penser durant la nuit, on va en rêver pendant plusieurs jours. Faire appel à un service comme ça pour être capable de ventiler, ou de “faire sortir le méchant” ou d’être capable de partager ça avec des gens qui connaissent le milieu des agents de la paix, ce type d’intervention-là, c’est sûr que c’est aidant », ajoute le contrôleur routier.
Il a aussi une pensée pour les chauffeurs de camions impliqués dans ce type d’accidents et qui, eux aussi, peuvent vivre du stress post-traumatique et avoir du mal à reprendre le métier par la suite.
« Il n’y a pas un camionneur que je connais ou que j’ai intercepté qui s’est levé un matin en se disant “tiens, moi aujourd’hui je vais avoir une collision”. Ce sont des professionnels de la route. Ce sont des êtres humains et ils ne sont pas insensibles à ça », témoigne M. Beauvais.
Les camionneurs plus relax avec les DCE
On pourrait pu croire que la propagation des dispositifs de consignation électroniques (DCE) aurait rendu les camionneurs plus agressifs à l’endroit des contrôleurs routiers qui les interceptent, parce que l’horloge continue de tourner et qu’ils sentent la pression des précieuses minutes de service qui s’envolent.
C’est apparemment tout le contraire.
« Beaucoup [de camionneurs] nous ont dit aimer vraiment ça les dispositifs de consignation électronique. À partir du moment où les transports ont été bien planifiés, les gens aiment ça parce que, justement, ils ne peuvent plus se faire mettre de pression par un répartiteur ou un transporteur qui voudrait que le conducteur fasse un voyage de plus. Certains qui étaient réfractaires au changement disent aujourd’hui “moi je ne retournerais plus en arrière, j’adore ça” », observe M. Beauvais.
Un courriel doit être envoyé à tous les contrôleurs routiers pour les aviser de la disponibilité du programme PSPNET.
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