Le magazine Transport Routier a publié un article sur l’évènement de jeudi dernier

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Aux environs de 14h00 dans l’après-midi du jeudi 21 mars, une agente de Contrôle routier Québec a eu maille à partir avec un individu agressif.

Frappée d’un coup de pied au genou et projetée dans la voie de droite de l’autoroute 15 nord près de Saint-Jérôme, elle aurait pu être heurtée à mort si les usagers de la route n’avaient pas respecté le corridor de sécurité qui protège les abords des véhicules d’urgence.

En entrevue à Transport Routier, Jean-Claude Daignault, président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec (FCCRQ), explique que c’est justement le non-respect de ce corridor de sécurité qui est à l’origine de l’altercation.

Un collègue de l’agente avait intercepté un camion pour une intervention de routine. La contrôleuse a décidé de se positionner à l’avant des véhicules immobilisés afin de vérifier le respect du corridor de sécurité.

« Il y a un véhicule qui se met à klaxonner et ne change pas de voie tel que prescrit par la loi, et il fait des doigts d’honneur avec les bras en l’air au contrôleur routier qui a intercepté le camion », dit M. Daignault au sujet du conducteur d’une grosse camionnette de type pick-up.

Quand l’agente a constaté que le véhicule en infraction avait une immatriculation commerciale (plaqué « F »), elle a décidé de l’intercepter puisque cette catégorie de véhicules entre dans le mandat des contrôleurs routiers.

Le conducteur a pris tout son temps avant de se ranger, malgré les gyrophares de la voiture de patrouille qui lui intimaient de le faire. L’agente est alors sortie de sa voiture pour aller à sa rencontre.

« La personne ne voulait pas s’identifier, ne voulait pas remettre son permis de conduire. Il ne voulait rien savoir. À un moment donné, il a voulu quitter la scène même si l’agente lui avait mentionné qu’il était en état d’arrestation pour refus de s’identifier. Quand il a voulu partir, elle a réussi à l’agripper et c’est là que ça a dégénéré », explique M. Daignault.

Le suspect rouspétait en disant que les contrôleurs routiers n’avaient pas le pouvoir de l’intercepter parce qu’il ne tractait pas de remorque.

La Sureté du Québec (SQ) a été appelée sur les lieux et a pris charge de l’individu, qui avait été menotté par les contrôleurs routiers après l’échauffourée. Du poivre de Cayenne a dû être utilisé pour le maîtriser.

À la SQ, la sergente Ève Brochu-Joubert précise que le suspect est un homme de 31 ans qui réside à Ste-Sophie, dans le secteur de St-Jérôme dans les Basses-Laurentides. Après son arrestation, il a été libéré sous promesse de comparaître. « Il pourrait faire face à des accusations de voies de fait sur agent de la paix ainsi que de bris de conditions », indique la policière.

Deux couteaux ont été retrouvés dans son véhicule. L’un sur le tableau de bord près du volant et l’autre entre les deux sièges. Il n’a cependant pas utilisé ces armes lors de la bagarre.

L’agente du contrôle routier, une dame dans la trentaine, a été transportée à l’hôpital de St-Jérôme pour faire traiter son genou disloqué. Elle a obtenu son congé le soir même mais devra rester à l’écart du travail pendant au moins six semaines.

Des camionneurs sympathiques à 90 %

Selon M. Daignault, les camionneurs qui interagissent avec les contrôleurs font généralement preuve de courtoisie et coopèrent avec eux.

« J’en ai intercepté beaucoup des camionneurs et, sincèrement, la très grande majorité c’est des gens corrects, sympathiques, qui essaient de gagner leur vie », dit l’homme qui compte 30 ans de patrouille sur les routes du Québec.

« C’est pas avec cette tranche-là qu’on a des problèmes, c’est l’autre tranche, disons les 10 % qui sont tout croches, des compagnies tout croches. Nous, notre formation s’adresse bien plus à ces gens-là qu’aux gens qui sont corrects. »

Il estime que sur la centaine de milliers d’interventions menées en poste de pesée ou par voiture patrouille chaque année, seulement environ le tiers se traduisent par un constat d’infraction, ce qui vient attester de la conformité du plus grand nombre.

Plus de cas d’agressivité

Mais le petit pourcentage de véritables malfaiteurs ferait preuve de plus d’agressivité que par le passé.

« On en a de plus en plus. Deux de mes membres ont été blessés dans le dernier mois », dit le président de la FCCRQ, ajoutant que sa plus grande hantise est que l’un de ses membres se fasse tuer dans l’exercice de ses fonctions.

« Depuis la pandémie on constate une recrudescence de comportements belliqueux. Pendant la pandémie on a eu quelques chauffeurs de camions qui crachaient sur leur permis de conduire, qui faisaient exprès de nous tousser dessus pour nous intimider en disant “je vais te donner la COVID-19” », indique M. Daignault.

Il dit avoir  procédé plusieurs fois à la saisie d’armes prohibées dans la cadre de ses fonctions, dont un fusil d’assaut semi-automatique de type AR-15 lors d’une opération en Beauce. Une arme de poing était également dissimulée dans le véhicule.

« La personne avait un pistolet à portée de main. Il aurait pu nous tirer n’importe quand », conclut le contrôleur routier.